Newsletter 102

Mars 2024

Chers amis de l’Institut,

Au cours de la dernière année, plusieurs avancées importantes réalisées à l’Institut vous ont été présentées. Notamment une nouvelle approche prometteuse pour l’immunothérapie du cancer, qui pourrait être efficace chez les patients qui ne répondent pas aux thérapies actuelles. Ou encore une première mondiale avec le traitement dans l’utérus d’un fœtus atteint d’une grave maladie vasculaire. La fillette, prénommée Nora, a maintenant six ans et grandit normalement.

Dans cette Newsletter, vous découvrirez une avancée significative dans le domaine du diagnostic de la maladie d'Alzheimer, avec des implications potentielles sur les approches thérapeutiques.

Grâce à vous et à votre générosité ces avancées ont pu voir le jour. Votre soutien encourage tous nos chercheurs qui, ensemble, étudient plus d’une centaine de maladies et font progresser la science pour permettre un jour de mieux les traiter.

Le projet UltraZoom, auquel beaucoup d’entre vous ont contribué, est crucial à cet égard. Le projet permettra à nos chercheurs d'analyser les protéines et leur dysfonctionnement au niveau cellulaire. Un outil très précieux pour plusieurs de nos groupes de recherche, qui contribuera à la compréhension de nombreuses maladies.

Merci pour votre fidélité et votre confiance.


Isabelle de Duve et Francisca Voermans

Alzheimer : vers un diagnostic éprouvé

De nouveaux biomarqueurs pourraient fournir un diagnostic plus fiable de la maladie d’Alzheimer, et ouvrir également la voie à d’éventuels nouveaux traitements. Ces résultats ont pu voir le jour grâce au spectromètre de masse, largement financé par le soutien des mécènes.

Les protéines appelées “tau” sont essentielles pour la santé des cellules cérébrales. Dans de multiples maladies neurologiques, parmi lesquelles la maladie d’Alzheimer, la protéine tau prend une forme anormale et forme des agrégats toxiques. Ces maladies sont donc regroupées sous le nom de tauopathies.

Aujourd’hui, il est difficile de faire la distinction entre les différentes tauopathies. Seule l’autopsie permet de confirmer avec certitude de quelle maladie il s’agit. Cela peut entraîner une prise en charge inadéquate des patients et compliquer également la recherche sur la maladie. Des chercheurs de l’Institut de Duve et de l’Institut de neuroscience de l’UCLouvain ont mis à jour une piste pour établir un diagnostic plus fiable.

Les chercheurs ont eu l’idée d’étudier la maladie d’un point de vue biochimique avec l’appui de la spectrométrie de masse, un outil puissant disponible à l’Institut de Duve. C’est une technique permettant de mesurer le poids des protéines et de leurs composants, les acides aminés, de manière très précise. « C’est la seule façon de faire une analyse impartiale. La technique est très sensible, nous n’avons besoin que d’infimes quantités de protéines », explique le Dr Didier Vertommen, responsable de la plateforme MassProt exploitant le spectromètre, et chef de la recherche en collaboration avec le Professeur Bernard Hanseeuw.

L'équipe à l'origine de l’étude, de gauche à droite : Gaëtan Herinckx, Mark Rider, Nathalie Kyalu Ngoie Zola, Didier Vertommen (Institut de Duve) et Bernard Hanseeuw (Institut de neuroscience). Pas sur la photo : Clémence Balty.

Les chercheurs ont analysé du matériel cérébral provenant d’autopsies. L’originalité du travail est d’avoir comparé les protéines solubles et les agrégats, alors que l’essentiel des biochimistes travaillent sur les agrégats. Ils se sont intéressés à ce qu’on appelle les modifications ‘post-traductionnelles’, c’est-à-dire les modifications dans une protéine après sa production. Ils ont découvert que des modifications sur les protéines solubles déterminent les isoformes de la protéine tau qui s'agrègent et donc président au type de maladie sur le plan biochimique.

"Nous allons maintenant rechercher si les mêmes modifications 'post-traductionnelles' sont également détectables dans le liquide céphalo-rachidien, qui peut être prélevé chez un patient par une ponction lombaire", précise Didier Vertommen. Si tel est le cas, cela fournirait des biomarqueurs fiables pour diagnostiquer et différencier ces différentes tauopathies.

Sur un plan plus fondamental, les résultats permettent de mieux comprendre le processus d’agrégation. Les chercheurs supposent que les modifications qu’on retrouve uniquement sur la protéine agrégée provoquent l’agrégation. Et celles qu’on retrouve uniquement sur la protéine soluble empêchent probablement l’agrégation. Une théorie qui pourrait ouvrir une nouvelle piste thérapeutique contre l’Alzheimer.

Grâce à votre soutien...

Le spectromètre de masse de l'Institut de Duve a été acquis en 2019 grâce au Fonds Baillet Latour et aux dons du mécénat. Il est utilisé intensément par différents groupes et les travaux ont conduit à diverses avancées.

Une première concerne deux maladies génétiques (la glycogénose de type Ib et la déficience en G6PC3) caractérisées par un dysfonctionnement des globules blancs. Ce sont deux maladies graves, parfois mortelles, pour lesquelles aucun traitement efficace n’existait. La recherche du groupe de Maria Veiga-da-Cunha et Emile Van Schaftingen avec le spectromètre de masse a permis de comprendre comment les globules blancs sont intoxiqués. Ensuite, les chercheurs peuvent traiter ces patients par un médicament existant pour le diabète. Aujourd’hui, au moins 130 patients sont traités avec succès, aux quatre coins du globe, ce qui pour des maladies ultra-rares (il y a environ 300 patients en Europe) est un énorme succès.

Une autre avancée concerne la recherche du groupe de Guido Bommer sur la maladie de Parkinson. Grâce au spectromètre, le groupe a pu découvrir la molécule responsable d’une forme rare de la maladie de Parkinson. Ce travail se poursuit sur l’enchaînement des événements que cette molécule déclenche, ce qui offre une perspective prometteuse pour élucider ce qui se passe dans les autres formes de Parkinson plus fréquentes.

Récemment, un appareil dit deuterium-hydrogen exchange (HDx) a été couplé au spectromètre de masse, permettant d'identifier les interactions entre les protéines. Utilisant cette technologie le groupe de Stefan Constantinescu a élucidé comment des mutants d’une protéine présente dans toutes les cellules peuvent induire un type spécifique de cancer du sang.

Le spectromètre de masse est utilisé par d’autres groupes, comme celui de Sophie Lucas, qui étudie les modifications des protéines après un traitement d’immunothérapie, et par le laboratoire de Nisha Limaye pour une étude sur une maladie auto-immune du rein. Des études cliniques sont également réalisées, comme une étude sur le Covid long et sur le diabète de type 1 chez les enfants.

Toutes ces avancées et recherches ont été possibles grâce à votre fidèle soutien !

L’Institut de Duve bénéficie du soutien de la Loterie Nationale depuis 1994. Ce magnifique partenariat dont la fidélité et la régularité nous sont très chères nous permet d’acheter du matériel scientifique de pointe, recruter des chercheurs ou initier des programmes de recherche.

Benoit Van den Eynde, Directeur de l'Institut de Duve :

« Le mécénat est crucial pour financer immédiatement des aspects essentiels au fonctionnement de l’Institut de Duve. Nous exprimons notre profonde gratitude envers la Loterie Nationale ainsi que tous ses joueurs qui, au fil des années, ont apporté leur appui indéfectible. C'est grâce au mécénat, et donc grâce à vous et à votre contribution, que nos chercheurs et techniciens peuvent persévérer sereinement dans leur quête, l'amélioration de la santé par l'avancement des connaissances en biologie fondamentale. MERCI »

Jannie Haek, CEO de la Loterie Nationale :

« 100 % des bénéfices de la Loterie Nationale retournent à l'ensemble de la collectivité. Des centaines de projets et d'organisations bénéficient d'un soutien financier grâce à la contribution de nos nombreux joueurs. Si nous soutenons une très grande diversité de projets, c'est parce notre base de joueurs est elle aussi très diversifiée. Chaque joueur se sent ainsi concerné car nous soutenons toujours un projet qui lui tient à cœur. Un quart de nos fonds sont octroyés à la recherche scientifique. Dans ce domaine, la recherche fondamentale obtient difficilement le financement nécessaire en raison du caractère généralement imprévisible de ses résultats. Ce type de recherche est pourtant à la base des progrès à long terme dans la lutte contre certaines maladies. Ces avancées profitent à l'ensemble de la collectivité et c'est précisément pour cela que nous ne lésinons pas sur les efforts à la Loterie Nationale et que nous sommes reconnaissants envers nos joueurs. »

Pour l’année 2023, le don de la Loterie Nationale a permis à trois chercheurs de l’Institut de poursuivre leurs recherches en toute sérénité.

Thibault Hirsch :

« Les recherches que j’effectue dans le laboratoire de Pierre van der Bruggen se concentrent sur une population de globules blancs nommée neutrophiles, et dont la présence dans les tumeurs des patients est un facteur de mauvais pronostic. Mes recherches visent à élucider comment les neutrophiles entravent la réponse immunitaire anti-tumorale afin d’identifier de nouvelles cibles thérapeutiques et ainsi améliorer l’efficacité des traitements d’immunothérapie du cancer. »

Anne-Sophie Cloos :

« Mes recherches dans le laboratoire de Violaine Havelange visent à mieux comprendre les mécanismes de résistance à la chimiothérapie dans les leucémies myéloïdes aiguës. Pour cela, j'étudie une classe d'ARN, les ARN longs non codants, quiagissent comme régulateurs d’autres gènes par des mécanismes variés et sont ainsi impliqués dans de nombreux processus biologiques. Comprendre comment ils pourraient impacter la chimiorésistance est crucial pour développer des traitements innovants, surmonter la résistance au traitement classique et améliorer les chances de survie des patients. »

Martha Catalina Alvarez

Catalina a travaillé au laboratoire de Miikka Vikkula en tant que postdoc où elle a développé un pipeline d'analyse bio-informatique pour traiter les données de RNAseq obtenues à partir de cellules de patients.

Décès de Henri Beaufay

C'est avec grande tristesse que nous avons appris le décès de Henri Beaufay, un des fondateurs de l’Institut de Duve.

Henri Beaufay était un de collaborateurs de Christian de Duve les plus proches. Il était un expert de la centrifugation en gradient de densité, une technique qui permit à l’équipe de de Duve de démontrer l’existence des peroxysomes, un organite distinct des lysosomes. Tout médecin qu’il était, Henri Beaufay avait des talents d’ingénieur. C’est lui qui développa un rotor, dit rotor de Beaufay, qui permet la préparation de fractions subcellulaires purifiées en grande quantité. En tant que cofondateur et codirecteur de l’Institut, il joua un rôle primordial dans tous les aspects de son organisation avec un dévouement et une compétence remarquable. Emérite en 1994, il continua de faire bénéficier l’Institut de ses conseils. Nous présentons nos condoléances les plus sincères à tous ses proches.

Soutenez notre équipe des 20 km

Le dimanche 26 mai, une équipe de l'Institut de Duve participera aux 20 km de Bruxelles. En plus du défi sportif, notre objectif est de récolter des fonds pour la recherche. Vous pouvez participer avec nous, en tant que coureur ou marcheur. La participation coûte 50 euros, pour lesquels vous recevrez l'inscription ainsi qu'un joli t-shirt de l'équipe. Vous pouvez vous inscrire jusqu'au 23 avril.

Vous ne souhaitez pas nous rejoindre ? Alors soutenez notre équipe ou votre coureur/marcheur préféré avec un don !

Plus d'informations, inscriptions et dons via www.deduveinstitute.be/20-km.

Soirée de gala

La soirée de gala se déroulera le jeudi 10 octobre 2024 à 19h au « Dome Event Hall », Boulevard de Lambermont 1, 1000 Bruxelles.

Pour vous inscrire, vous pouvez contacter Isabelle de Duve : isabelle.deduve@deduveinstitute.be

Nous vous attendons nombreux pour fêter le jubilé de l’Institut de Duve.

Quelque chose à fêter ?

Vous vous apprêtez à célébrer une occasion spéciale comme un anniversaire, un mariage, une naissance ... et vous voulez lui donner un impact particulier ? Vos amis et votre famille peuvent faire un don pour la recherche fondamentale de notre Institut en l'honneur de votre évènement.

Si vous êtes intéressés, veuillez envoyer un email à philanthropy@deduveinstitute.be, nous vous fournirons une page de don dédiée qu'il vous suffira de partager.