Lymphoedèmes

Membres du groupe impliqués : Miikka Vikkula, Pascal Brouillard, Nicole Revencu, Laurence Boon

Le lymphoedème est une maladie chronique très invalidante résultant d'un développement et/ou d'un fonctionnement anormal du système lymphatique. La lymphe n'est pas évacuée des tissus interstitiels, mais accumulée, le plus souvent dans les extrémités inférieures, ce qui provoque leur élargissement, de la fibrose et prédispose aux infections secondaires. Le fonctionnement de la partie du corps touchée est souvent compromis. En Europe, plus d'un million de personnes sont touchées. La thérapie est limitée à un drainage lymphatique manuel répété, et à l'utilisation de moyens compressifs. Dans certains cas, la chirurgie peut être utile. Aucune thérapie curative n'existe à l'heure actuelle.

Le lymphoedème est catégorisé en lymphoedème primaire (cause inconnue) et lymphoedème secondaire (cause environnementale connue, comme une infection ou suite à une intervention chirurgicale). Le lymphoedème primaire est parfois hérité de génération en génération, comme le sont les anomalies vasculaires. En étudiant ces familles, nous avons pu faire des découvertes majeures. Nous avons identifié le premier gène causal pour le lymphoedème primaire (maladie de Milroy), FLT4, codant pour le récepteur endothélial VEGFR3, en parallèle avec un groupe américain (Irrthum et al, 2000). Nous avons aussi démontré que les mutations peuvent être récessives ou même de novo, et que certaines causent un dysfonctionnement foetal lymphatique beaucoup plus généralisé (hydrops fetalis), augmentant les cibles potentielles des tests diagnostics (Ghalamkarpour et al, 2009a et 2009b). Une étude phénotypique comparative entre les souris et les hommes, nous a permis de découvrir que des mutations dans SOX18 provoquent le syndrome d'hypotrichose-lymphoedème-télangiectasie (Irrthum et al, 2003). Nous avons aussi montré qu'un codon stop prématuré dans ce gène induit une glomérulonéphrite associée, ce qui nécessite une transplantation rénale (Moalem et al, 2014). Nous avons contribué à la découverte de CCBE1 comme étant muté dans la dysplasie lymphatique généralisée (syndrome Hennekam) (Alders et al, 2009), et de KIF11 pour le syndrome de microcéphalie avec ou sans choriorétinopathie, lymphoedème, et  retard mental (Ostergaard et al, 2012; Schlögel et al, 2015). Récemment, nous avons découvert que des mutations perte-de-fonction récessives dans ADAMTS3 causent le syndrome de Hennekam Lymphangiectasie-Lymphoedème de type 3 (Brouillard et al, 2017). Un autre variant dans ADAMTS3 perturbe sa localisation adéquate à la surface cellulaire, pertubant son action catalytique spécifique envers VEGFC, le ligand de VEGRF3 (Jha et al, 2017). Dernièrement nous avons identifié deux nouvelles mutations dans VEGFC qui altèrent l'épissage de l'ARN, empêchant sa fonction (Fastré et al, en révision).

À ce jour, au moins 28 gènes sont connus pour causer le lymphoedème primaire et aucune thérapie curative n'existe (Brouillard et al, 2014; Brouillard et al, 2017). Ces gènes expliquent la maladie chez à peine 30% des patients.


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