À la recherche des causes de la sclérodermie
Newsletter Septembre 2023
L’équipe de Nisha Limaye étudie les causes génétiques de la sclérodermie (ou sclérose systémique), une maladie autoimmune rare, pouvant être létale et pour laquelle aucun traitement n’existe. Pierre Maus, doctorant au sein du laboratoire, a découvert une piste prometteuse qui est en cours d’investigation.
La sclérodermie est une maladie complexe, qui peut affecter les patients de trois façons. Les premiers symptômes se situent généralement au niveau des doigts : une détérioration des vaisseaux sanguins menant à une mauvaise circulation sanguine et la formation d’ulcères. Les patients présentent également des auto-anticorps, acteurs du système immunitaire qui attaquent leurs propres cellules. Dans les cas plus graves, une fibrose (accumulation excessive de tissu cicatriciel) peut se développer. Celle-ci peut se limiter aux jambes et aux bras, mais peut également se propager aux organes internes et entraîner des problèmes respiratoires ou une insuffisance rénale.
La maladie est complexe sur le plan génétique, explique Nisha Limaye : « Elle n’est probablement pas causée par un seul gène. Il s’agirait plutôt À la recherche des causes de la sclérodermie d’une combinaison de plusieurs variants (modifications génétiques) qui prédisposeraient à la maladie. Des facteurs environnementaux, tels que l’exposition à des solvants, peuvent également participer au développement de la maladie. »
Afin de faciliter l’étude génétique de la sclérodermie, l’équipe de Nisha Limaye a récolté de précieux échantillons provenant de six familles, présentant chacune deux personnes atteintes de la maladie. Les échantillons ont été collectés par les deux cliniques spécialisées en Belgique : l’UZ Gent et les cliniques St Luc à Bruxelles.
Sur la base des séquences d’ADN de ces échantillons, les chercheurs ont découvert la présence de variants dans divers gènes modulant une voie cellulaire commune, avec au moins un gène altéré par famille. Cette voie est connue pour permettre à une cellule de détecter les signaux de danger. « Il se peut que la voie soit activée trop fortement, provoquant une réponse inflammatoire erronée et exagérée. »
C’est grâce aux nombreux développements récents qu’il est possible d’obtenir ce genre d’information à partir d’énormes quantités de données, explique Nisha Limaye : « Tout d’abord, le séquençage de l’ADN est devenu beaucoup plus rapide. La première résolution complète du génome humain a pris dix ans, maintenant nous en faisons huit en une nuit. De plus, les chercheurs du monde entier rendent leurs données publiques. Cela nous permet de comparer nos données avec des centaines de milliers d’autres, ce qui est nécessaire pour déterminer les variants pertinents à étudier chez les patients. »
L’équipe du labo Limaye, rangée du bas, de gauche à droite: Gaëlle Tilman, Cécile Boulanger, Nisha Limaye, Hiba Maalouf, Laura Watteyne; Rangée du haut, de gauche à droite: Charlotte Baert, Pierre Maus, Delphine Nolf |